Marche des étudiants à l' U O
Université de Ouagadougou (UO) : le président avait prévenu ...
Le 16 juin, c'est-à-dire la veille de la marche des étudiants qui a dégénéré en affrontements, le président de l'université, Pr Jean Koulidiati, avait adressé cette lettre aux délégués des corporations ANEB des UFR/SEA et SVT.
"Vous avez souhaité organiser une assemblée générale aux fins de tenir informée votre base des résultats des entretiens auxquels je vous ai invités. A cet effet, je vous ai accordé l'usage de l'amphithéâtre C. J'espère qu'à cette assemblée générale vous avez porté à la connaissance de votre base ce qui suit:
- concernant les problèmes d'infrastructures (amphithéâtres, laboratoires), je vous ai montré un dossier complet, plans à l'appui, de projet de construction d'un complexe d'amphithéâtres de 2 500 places au total et d'un immeuble R + 2 devant abriter les laboratoires d'enseignements des UFR/SEA, SVT et SDS;
- concernant les problèmes de bourses et/ou prise en charge des étudiants de 3e cycle, le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique m'a instruit de mener une étude dont je vous ai exposé les résultats, chiffres à l'appui, avec, si l'étude était agréée, prise en charge par le FONER ;
- concernant les dérogations, à ma demande vous n'avez jamais pu me produire de liste d'étudiants satisfaisant aux conditions édictées par le Conseil scientifique de l'université de Ouagadougou.
Par contre, vous exigez la mise en place d'une instance ou vous allez siéger et décider de façon concertée avec vos professeurs des conditions d'octroi de dérogations, réorientation, transfert, d'année blanche, de suspension annuelle d'inscription et d'interruption de la scolarité dans les différentes UFR et auxquelles vos camarades vont satisfaire.
Par la suite, je vous ai dit que jamais, je dis bien jamais, les étudiants ne siégeraient avec leurs professeurs et leurs maîtres pour décider ensemble d'affaires relevant du domaine académique et scientifique.
Malgré tout, par lettre citée en objet, vous avez décidé d'observer une grève à partir du lundi 16 juin 2008, ponctuée d'une marche le mardi 17 juin 2008 en direction de la présidence de l'université de Ouagadougou.
Je voudrais, ici et maintenant, vous rappeler les termes de mes correspondances précédentes : votre marche sur la présidence de l'université de Ouagadougou est formellement illégale, donc fondamentalement interdite.
Par conséquent, j'ai déjà pris toutes les dispositions et mis en oeuvre tous les moyens en mon pouvoir, au nom des prérogatives qui sont les miennes, pour empêcher tout trouble sur le campus.
Il est indécent, par votre attitude d'une part, de porter préjudice aux efforts et sacrifices que font les étudiants dans leur grande majorité pour réussir leur année académique et d'autre part, ceux des enseignants de boucler l'année académique de façon sereine.
En tout état de cause, je vous désigne comme les seuls responsables de la dégradation continue et constatée du climat social au sein de vos UFR.
Tout en vous souhaitant bonne réception de la présente, je vous exhorte à plutôt mener les débats au sein des instances où se décide le sort de la communauté universitaire, notamment au sein des Conseils de Gestion de vos UFR et au sein du Conseil de la Formation et de la Vie universitaire d'une part, et d'autre part, je vous renouvelle ma constante détermination à garder le calme et la quiétude sur le campus de l'université de Ouagadougou."
UO : le MBDHP condamne une "répression sauvage"
Le Comité MBDHP de l'université de Ouagadougou, dans cette déclaration, s'insurge contre la répression du 17 juin contre les étudiants.
Chères étudiantes, chers étudiants, le 17 juin 2008, l'université de Ouagadougou a été le théâtre d'un affrontement entre les forces de l'ordre et les étudiants. A l'origine, une marche pacifique organisée par les corporations ANEB des UFR / SEA et SVT en direction de la présidence de l'université de Ouagadougou pour revendiquer de meilleures conditions d'études.
Auparavant, les autorités universitaires interdisaient un sit-in et une marche pacifique programmée par les deux corporations, respectivement le mercredi 4 juin pour l'UFR / SEA et le vendredi 6 juin pour l'UFR / SVT, de même qu'une marche commune des deux corporations le 12 juin sans motivation aucune. Le comité MBDHP de l'université de Ouagadougou, fidèle à sa mission de promotion, de protection et de défense des droits de l'Homme, a suivi de bout en bout les différentes péripéties de cette lutte des étudiants.
Cette fois-ci, les autorités universitaires ne se sont pas limitées à l'interdiction de la manifestation, elles ont fait descendre les forces de l'ordre sur le campus (gendarmes, CRS) de même que des forces de défense, c'est-à-dire les éléments du régiment de sécurité présidentielle du tristement célèbre Conseil. Il s'en est suivi une répression féroce. Jets de gaz lacrymogène, rafales nourries de balles blanches, tirs à balles réelles, bastonnades, chasse aux étudiants, arrestations d'étudiants, etc., ont été les méthodes usitées par les hommes en treillis face à des étudiants aux mains nues.
Le bilan, quoique provisoire, reste lourd, faisant état de plus d'une soixantaine d'étudiants arrêtés, et de trente-quatre (34) étudiants blessés, dont quatre (04) grièvement. Cette répression sauvage ainsi que les interdictions illégales et non motivées des manifestations des étudiants sur le campus universitaire posent le problème très important des franchises et libertés académiques en particulier et celui de la jouissance réelle et de l'exercice effectif des libertés publiques en général.
En effet, la liberté de manifester est un droit constitutionnellement garanti et consacré par les textes internationaux auxquels notre pays a souscrits (Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, pacte international sur les droits civils et politiques, etc.). Il en est de même des franchises et libertés académiques qui font partie intégrante des droits de l'Homme et consacrées par les déclarations de Dar-Es-Salam du 19 avril 1990 et de Kampala du 29 novembre 1990 qui doivent servir de modèle aux universités modernes. Aucune autorité, quelle qu'elle soit, ne peut porter atteinte à ces textes fondamentaux. Les agissements des autorités universitaires constituent une violation grave et flagrante des franchises et libertés académiques que le comité MBDHP / UO ne saurait passer sous silence. C'est pourquoi
- il condamne énergiquement la répression féroce abattue sur les étudiants;
- exige le retrait des forces de l'ordre du campus et la libération sans conditions des étudiants arrêtés.
- Par ailleurs, il invite les autorités universitaires au respect scrupuleux des textes fondamentaux suscités.
MBDHP, rigueur et constance dans la promotion, la protection et la défense des droits de l'Homme.
Le Pays du 20 juin 2008
Le 16 juin, c'est-à-dire la veille de la marche des étudiants qui a dégénéré en affrontements, le président de l'université, Pr Jean Koulidiati, avait adressé cette lettre aux délégués des corporations ANEB des UFR/SEA et SVT.
"Vous avez souhaité organiser une assemblée générale aux fins de tenir informée votre base des résultats des entretiens auxquels je vous ai invités. A cet effet, je vous ai accordé l'usage de l'amphithéâtre C. J'espère qu'à cette assemblée générale vous avez porté à la connaissance de votre base ce qui suit:
- concernant les problèmes d'infrastructures (amphithéâtres, laboratoires), je vous ai montré un dossier complet, plans à l'appui, de projet de construction d'un complexe d'amphithéâtres de 2 500 places au total et d'un immeuble R + 2 devant abriter les laboratoires d'enseignements des UFR/SEA, SVT et SDS;
- concernant les problèmes de bourses et/ou prise en charge des étudiants de 3e cycle, le ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique m'a instruit de mener une étude dont je vous ai exposé les résultats, chiffres à l'appui, avec, si l'étude était agréée, prise en charge par le FONER ;
- concernant les dérogations, à ma demande vous n'avez jamais pu me produire de liste d'étudiants satisfaisant aux conditions édictées par le Conseil scientifique de l'université de Ouagadougou.
Par contre, vous exigez la mise en place d'une instance ou vous allez siéger et décider de façon concertée avec vos professeurs des conditions d'octroi de dérogations, réorientation, transfert, d'année blanche, de suspension annuelle d'inscription et d'interruption de la scolarité dans les différentes UFR et auxquelles vos camarades vont satisfaire.
Par la suite, je vous ai dit que jamais, je dis bien jamais, les étudiants ne siégeraient avec leurs professeurs et leurs maîtres pour décider ensemble d'affaires relevant du domaine académique et scientifique.
Malgré tout, par lettre citée en objet, vous avez décidé d'observer une grève à partir du lundi 16 juin 2008, ponctuée d'une marche le mardi 17 juin 2008 en direction de la présidence de l'université de Ouagadougou.
Je voudrais, ici et maintenant, vous rappeler les termes de mes correspondances précédentes : votre marche sur la présidence de l'université de Ouagadougou est formellement illégale, donc fondamentalement interdite.
Par conséquent, j'ai déjà pris toutes les dispositions et mis en oeuvre tous les moyens en mon pouvoir, au nom des prérogatives qui sont les miennes, pour empêcher tout trouble sur le campus.
Il est indécent, par votre attitude d'une part, de porter préjudice aux efforts et sacrifices que font les étudiants dans leur grande majorité pour réussir leur année académique et d'autre part, ceux des enseignants de boucler l'année académique de façon sereine.
En tout état de cause, je vous désigne comme les seuls responsables de la dégradation continue et constatée du climat social au sein de vos UFR.
Tout en vous souhaitant bonne réception de la présente, je vous exhorte à plutôt mener les débats au sein des instances où se décide le sort de la communauté universitaire, notamment au sein des Conseils de Gestion de vos UFR et au sein du Conseil de la Formation et de la Vie universitaire d'une part, et d'autre part, je vous renouvelle ma constante détermination à garder le calme et la quiétude sur le campus de l'université de Ouagadougou."
UO : le MBDHP condamne une "répression sauvage"
Le Comité MBDHP de l'université de Ouagadougou, dans cette déclaration, s'insurge contre la répression du 17 juin contre les étudiants.
Chères étudiantes, chers étudiants, le 17 juin 2008, l'université de Ouagadougou a été le théâtre d'un affrontement entre les forces de l'ordre et les étudiants. A l'origine, une marche pacifique organisée par les corporations ANEB des UFR / SEA et SVT en direction de la présidence de l'université de Ouagadougou pour revendiquer de meilleures conditions d'études.
Auparavant, les autorités universitaires interdisaient un sit-in et une marche pacifique programmée par les deux corporations, respectivement le mercredi 4 juin pour l'UFR / SEA et le vendredi 6 juin pour l'UFR / SVT, de même qu'une marche commune des deux corporations le 12 juin sans motivation aucune. Le comité MBDHP de l'université de Ouagadougou, fidèle à sa mission de promotion, de protection et de défense des droits de l'Homme, a suivi de bout en bout les différentes péripéties de cette lutte des étudiants.
Cette fois-ci, les autorités universitaires ne se sont pas limitées à l'interdiction de la manifestation, elles ont fait descendre les forces de l'ordre sur le campus (gendarmes, CRS) de même que des forces de défense, c'est-à-dire les éléments du régiment de sécurité présidentielle du tristement célèbre Conseil. Il s'en est suivi une répression féroce. Jets de gaz lacrymogène, rafales nourries de balles blanches, tirs à balles réelles, bastonnades, chasse aux étudiants, arrestations d'étudiants, etc., ont été les méthodes usitées par les hommes en treillis face à des étudiants aux mains nues.
Le bilan, quoique provisoire, reste lourd, faisant état de plus d'une soixantaine d'étudiants arrêtés, et de trente-quatre (34) étudiants blessés, dont quatre (04) grièvement. Cette répression sauvage ainsi que les interdictions illégales et non motivées des manifestations des étudiants sur le campus universitaire posent le problème très important des franchises et libertés académiques en particulier et celui de la jouissance réelle et de l'exercice effectif des libertés publiques en général.
En effet, la liberté de manifester est un droit constitutionnellement garanti et consacré par les textes internationaux auxquels notre pays a souscrits (Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, pacte international sur les droits civils et politiques, etc.). Il en est de même des franchises et libertés académiques qui font partie intégrante des droits de l'Homme et consacrées par les déclarations de Dar-Es-Salam du 19 avril 1990 et de Kampala du 29 novembre 1990 qui doivent servir de modèle aux universités modernes. Aucune autorité, quelle qu'elle soit, ne peut porter atteinte à ces textes fondamentaux. Les agissements des autorités universitaires constituent une violation grave et flagrante des franchises et libertés académiques que le comité MBDHP / UO ne saurait passer sous silence. C'est pourquoi
- il condamne énergiquement la répression féroce abattue sur les étudiants;
- exige le retrait des forces de l'ordre du campus et la libération sans conditions des étudiants arrêtés.
- Par ailleurs, il invite les autorités universitaires au respect scrupuleux des textes fondamentaux suscités.
MBDHP, rigueur et constance dans la promotion, la protection et la défense des droits de l'Homme.
Le Pays du 20 juin 2008
A découvrir aussi
- Témoignage: M. Ousmane Moussa Tessa, Niger
- Web 2.0, au service des universités
- La place des TIC dans le secteur d'éducation en Afrique
Retour aux articles de la catégorie Académie -
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 164 autres membres