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Pourquoi les femmes se détournent des métiers de l'informatique

Pourquoi les femmes se détournent des métiers de l'informatique

L'informatique demeure toujours un secteur majoritairement masculin en France. D'après le baromètre social 2006 du Syntec Informatique, les femmes ne représentaient que 27% des 300 000 salariés du secteur, toutes fonctions confondues ; elles étaient encore moins nombreuses à des postes d'informaticiennes.

Selon le Conseil national des ingénieurs et des scientifiques de France (CNISF), elles étaient 20% en 1983. En 2000, elles n'étaient plus que 11%. Un bilan qui s'explique notamment par une désaffection dans les filières informatiques. Si en 1983 l'informatique était le domaine le plus féminisé des écoles ingénieurs, 17 ans plus tard, la part des femmes était équivalente à celle des secteurs de la mécanique et de la défense, traditionnellement masculins.

10% de femmes en école d'informatique, contre 30 à 40% 10 ans plus tôt

En 2009, le bilan reste peu encourageant comme en témoigne le directeur de l'Epita, Joël Courtois. « Les femmes sont moins de 10% dans une école spécialisée comme la nôtre. Même l'électronique, qui pourtant présente un caractère aride, est mieux lotie que l'informatique. »

Le constat est identique à l'Epitech, regrette Nicolas Sadirac, son directeur : « Dix ans plus tôt, nos promotions comptaient 30 à 40% de femmes. Désormais, la valeur avoisine les 10%, et la situation s'aggrave toujours. Dans les pays asiatiques, les filles sont au contraire plus que les garçons. » En effet, en Malaisie, la faculté d'informatique et des technologies de l'information de Kuala Lumpur comptait ainsi 65% d'étudiantes en 2007.

Peu présentes dans les filières d'enseignement, presque absentes à des postes en informatique, deux constats qui trouvent une explication commune : l'image. Le stéréotype de l'informaticien a en effet la vie dure, malgré la pénétration des usages de l'Internet dans la société. Le métier demeure sexué dans les esprits.

« Une étude avait été réalisée il y a deux ans auprès d'étudiants, d'enseignants et de parents. Ce qui en ressortait, c'est que l'informatique était clairement perçue comme un métier d'homme, cloîtré dans une chambre noire, exclusivement technique, sans relationnel, etc. Les femmes ne se reconnaissaient pas du tout dans cette définition. Le défaut d'attractivité est réel, pour les hommes, mais plus encore pour les femmes », déclare Alain Donzeaud, président de la commission sociale, emploi, formation au Syntec Informatique.

Des actions de sensibilisation à mener en amont, dès le collège

Beaucoup d'actions, des écoles et du Syntec, souvent d'ailleurs en partenariat, se sont donc concentrées sur la promotion des différents métiers de l'informatique. Campagnes radio, présence systématique dans les salons d'étudiants, B2I (brevet informatique et Internet), formation par l'apprentissage et prix Excellencia sont autant d'occasions de présenter le secteur et, directement ou non, d'adresser des messages aux femmes.

Epita, Epitech et Syntec Informatique s'accordent à dire que la sensibilisation doit être menée le plus en amont possible. « Des actions de fond dès le collège sont indispensables. Nous avons accumulé un retard de sensibilisation à l'informatique à l'école, contrairement à l'Asie où la matière est enseignée parmi les matières de base. Nous travaillons d'ailleurs avec un inspecteur d'académie pour mettre en place prochainement des ateliers d'informatique. La parité y sera prise en compte », assure Joël Courtois de l'Epita.

« Confier aux femmes la promotion professionnelle »

Mais un débat et des actions doivent parallèlement être menés dans les entreprises. « Le nombre de femmes entrant dans nos métiers n'est pas le seul problème qu'il convient de solutionner. Il faut aussi se pencher sur la question de la promotion professionnelle. Ce n'est pas à des hommes qu'il faut confier la recherche de solutions. C'est un travail permanent qui doit être mené par les femmes, entre elles, afin qu'elles définissent les modes de fonctionnement de nos entreprises qui créent des freins », insiste Alain Donzeaud (Syntec).

Une démarche qui ne pourra toutefois pas aboutir sans l'implication des directions, qui doivent donc s'emparer du sujet. Mais la question de l'égalité des chances (et des rémunérations) tout au long de la carrière professionnelle ne concerne pas seulement le secteur informatique.

Des rémunérations supérieures aux hommes à l'embauche L'enjeu est quoi qu'il en soit important, comme le rappelle Nicolas Sadirac (Epitech) : « Nous ne pouvons pas nous priver de 50% des talents dans un métier d'avenir comme le nôtre. Et c'est d'autant plus dommage que les entreprises recherchent activement des femmes, notamment les SSII qui ont bien compris les bénéfices résultant de la constitution d'équipes mixtes. » Un avis qui est partagé par Joël Courtois (Epita): « Elles sont très attendues, si bien qu'elles peuvent même bénéficier à l'embauche de rémunérations supérieures à celles des hommes. Cela peut se constater dès le stage d'ailleurs. Pour une même entreprise, les stagiaires filles se sont vues offrir 2 000 euros, contre 1 500 pour les garçons. »

Pour en savoir plus : Une charte en faveur de l’emploi des femmes dans l’informatique

Christophe Auffray, ZDNet France



21/03/2009
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